- PARTIS SOCIALISTES FRANÇAIS
- PARTIS SOCIALISTES FRANÇAISPARTIS SOCIALISTES FRANÇAISAprès la défaite de la Commune, le mouvement ouvrier français est réduit au silence pendant plusieurs années, puis, à partir de 1876, se tiennent des congrès ouvriers regroupant des délégués de syndicats et de coopératives, auxquels se joignent bientôt des représentants des groupes d’études socialistes animés notamment par Jules Guesde. Sous l’impulsion de ces derniers, le Congrès ouvrier de Marseille (1879) se constitue en parti, la Fédération du parti des travailleurs socialistes de France. L’unité sera de courte durée: en 1881, le courant blanquiste d’Édouard Vaillant fonde le Comité révolutionnaire central (C.R.C.), qui deviendra en 1898 le Parti socialiste révolutionnaire. En 1882, le Congrès ouvrier de Saint-Étienne se divise en deux: les «possibilistes», socialistes modérés de tradition proudhonienne, forment la Fédération des travailleurs socialistes, animée par Brousse et Joffrin et préoccupée de la conquête des municipalités; les guesdistes créent à Roanne le Parti ouvrier français (P.O.F.), d’inspiration marxiste. Le courant possibiliste, affaibli en 1890 par le départ de ses éléments les plus radicaux qui constituent autour d’Allemane le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, se fondra ultérieurement dans le mouvement syndical. Leur place à l’aile modérée du socialisme est alors prise par les socialistes indépendants, rassemblés autour d’anciens communards (Vallès, Benoît Malon, Lissagaray), puis de parlementaires comme Jaurès, Millerand, Viviani, qui défendent une politique de réformes dans le cadre politique existant.Le Parti ouvrier français guesdiste se développe surtout après 1890: plus structuré que ses rivaux, il se caractérise surtout par son attachement au marxisme et à l’internationalisme, sa conception restrictive du rôle des syndicats et son intransigeance vis-à-vis du radicalisme et des institutions parlementaires. Ce dernier trait, affirmé surtout lors des affaires Millerand (participation ministérielle socialiste à un gouvernement bourgeois) et Dreyfus, le rapproche du Parti socialiste révolutionnaire d’Édouard Vaillant et l’éloigne des socialistes indépendants dont il s’était rapproché en 1893-1899. Les indépendants fondent bientôt le Parti socialiste français, tandis qu’en 1902 guesdistes et vaillantistes fusionnent au sein du Parti socialiste de France.La fin de l’affaire Dreyfus et la pression exercée par l’Internationale socialiste amènent cependant les socialistes français à s’unifier en 1905 au sein du Parti socialiste unifié, plus connu sous le nom de S.F.I.O. (Section française de l’Internationale ouvrière). Au Congrès constitutif, guesdistes et vaillantistes sont majoritaires: le programme de la S.F.I.O. est dominé par les conceptions marxistes, et les structures du parti sont proches de celles du P.O.F. Mais, dans la période qui suit, la prépondérance politique et doctrinale est exercée par les anciens indépendants et surtout par Jaurès. La personnalité de ce dernier et l’unité retrouvée permettent à la S.F.I.O. de connaître un développement rapide.La Première Guerre mondiale, pendant laquelle la S.F.I.O. renie son pacifisme et rejoint l’union sacrée, puis la révolution d’octobre 1917 vont remettre en cause l’unité du socialisme français. En 1920, au Congrès de Tours, la majorité de la S.F.I.O. suit les partisans de l’Internationale communiste, adhère à celle-ci et fonde le Parti communiste français (P.C.F.); la minorité maintient la «vieille maison». La S.F.I.O., sortie très affaiblie de la scission, va se relever rapidement, grâce à son poids au Parlement, à son implantation municipale et à la valeur personnelle de son principal dirigeant, Léon Blum. À la fin des années 1920, elle retrouve sa prépondérance au sein du mouvement ouvrier français.Sous l’influence du socialiste belge Henri de Man se dégage un courant «planiste», partisan du dirigisme économique de l’État; une partie de ce courant, les «néo-socialistes» (Marcel Déat, Marquet), est exclue de la S.F.I.O. en novembre 1933 et forme le Parti socialiste de France, à l’audience assez faible et dont certains dirigeants évolueront vers le fascisme. À la même époque, une partie du groupe parlementaire (dont Renaudel), partisan d’une étroite collaboration avec les radicaux, quitte la S.F.I.O. et se regroupe sous l’étiquette des républicains sociaux.Ces querelles sont dépassées par les événements de février 1934 et leur conséquence principale, l’alliance des partis de gauche au sein du rassemblement populaire porté au pouvoir en 1936, avec Blum comme président du Conseil. Les problèmes liés à l’occupation du pouvoir et au soutien à la République espagnole créent de nouvelles tensions: en 1938, la «gauche révolutionnaire» de la S.F.I.O., animée par Marceau Pivert, se sépare et constitue le Parti socialiste ouvrier et paysan (P.S.O.P.) sur une base révolutionnaire et pacifiste; son influence restera limitée.Après l’échec du Front populaire, la guerre est une dure épreuve pour les socialistes français: le P.S.O.P. disparaît et, en juin 1940, certains parlementaires S.F.I.O. votent les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Cependant, le parti se réforme dans la résistance, d’où il tire des forces rajeunies. Ce renouvellement se traduit par d’importants succès électoraux en 1945-1946: mais il est stoppé dès 1946 au Congrès de Paris, où Léon Blum et le secrétaire général Daniel Mayer, partisans de l’ouverture du parti, d’une orientation à caractère travailliste, sont mis en minorité par les défenseurs de la tradition marxiste et ouvrière menés par Guy Mollet, qui va occuper dès lors et jusqu’en 1969 le poste de secrétaire général. Une période de lent déclin commence bientôt pour la S.F.I.O., qui rompt avec le P.C.F. en 1947, puis est éliminée du gouvernement en 1951. Son regain d’audience aux élections de 1956 est surtout dû à une alliance avec les radicaux mendésistes: néanmoins, Guy Mollet est appelé à la présidence du Conseil. Ce bref passage à la tête du gouvernement s’accompagne de nouvelles divisions au sein de la S.F.I.O.: bon nombre de socialistes dénoncent la politique algérienne de leur secrétaire général. Quand celui-ci, devant la crise qui marque la fin de la IVe République, soutient le général de Gaulle, la minorité quitte la S.F.I.O. (sept. 1958) et fonde le Parti socialiste autonome (P.S.A.), qui fusionne en 1960 avec l’Union de la gauche socialiste (U.G.S.), un rassemblement d’anciens trotskistes et communistes et de socialistes chrétiens, pour créer le Parti socialiste unifié (P.S.U.). L’influence de ce nouveau parti, animé par Édouard Depreux, Gilles Martinet, puis par Michel Rocard, sera durable bien que limitée et s’exercera, surtout sur le plan des idées, près des intellectuels, des étudiants et des syndicalistes d’origine chrétienne (C.F.D.T.).La S.F.I.O. rompt avec le régime gaulliste en 1962. Son poids militant et électoral ne cesse de décroître; ralentie par l’alliance avec les radicaux au sein de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, dont les succès aux élections législatives de 1967 ne sont pas négligeables, cette chute s’accélère de nouveau en 1968-1969. Aux élections présidentielles de 1969, le candidat socialiste, Gaston Defferre, obtient à peine plus de 5 p. 100 des suffrages. En 1969-1970 s’amorce un processus de rénovation conclu en 1971 au Congrès d’Épinay: l’entrée dans le nouveau Parti socialiste de divers clubs et centres de recherches, de la Convention des institutions républicaines, de François Mitterrand. Celui-ci devient premier secrétaire du P.S. et apporte au vieux parti, qui perd son appellation de S.F.I.O., de nouvelles perspectives: la réflexion sur l’autogestion, l’union avec le Parti communiste sanctionnée en 1972 par un programme commun de gouvernement. L’année suivante, aux élections législatives, le Parti socialiste obtient près de 18 p. 100 des suffrages exprimés.Progressivement, la politique prônée par François Mitterrand — union de la gauche en même temps que rééquilibrage de la gauche — porte ses fruits. Et après 1974 le Parti socialiste devient le premier parti de France au moins sur le plan électoral. Le pari lancé en 1971 à Épinay au congrès d’unité des socialistes est tenu dix ans plus tard avec l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République et d’une majorité de députés socialistes à l’Assemblée nationale.C’est peu dire, cependant, que le maintien de François Mitterrand à l’Élysée pendant deux septennats entiers a contrarié les ambitions du P.S. et de ses principales figures. Lionel Jospin en est le premier secrétaire de 1981 à 1988, date à laquelle il renonce à se représenter; Pierre Mauroy, lui succède et démissionne en 1992; Laurent Fabius est évincé par Michel Rocard en 1993 qui lui-même doit céder la place en 1994 à Henri Emmanuelli; un an plus tard, ce dernier s’efface devant Lionel Jospin qui a réussi à s’imposer comme le candidat socialiste à l’élection présidentielle de 1995. Jusqu’à cette année-là, tout aura concouru à désorienter les militants et à décevoir les électeurs: l’ambiguïté – artistement entretenue par le président – du jeu entre le parti, Matignon et l’Élysée, l’usure d’un pouvoir auquel le P.S. est associé sans pouvoir cependant estimer en tenir les rênes, la dilution du projet politique dans les contraintes de la gestion, pour ne rien dire des rivalités parfois féroces qui opposent les hommes et déchirent les courants. Les législatives de 1993 et les européennes de 1994 sont de lourdes défaites. Seuls le retrait de François Mitterrand, au terme de son second mandat présidentiel, et le bon résultat obtenu par Lionel Jospin dans la course à l’Élysée permettront au parti de se relancer en vue des législatives de 1998. La tenue d’élections anticipées en 1997 lui offre, avec le concours de ses alliés, une victoire impensable quelques mois plus tôt.
Encyclopédie Universelle. 2012.